Dans son édition de janvier 2007 sur "La guerre des idées", le magazine Sciences Humaines conseille la lecture couplée du "papy-krach" et de l'ouvrage de Gérard-Louis Dumont intitulé "Les territoires face au vieillissement en France et en Europe. Géographie, politique, prospective"
Ci-dessous, les deux critiques de Laurent Testot :
Le papy-krach
Bernard Spitz, Grasset, 2006, 135 p., 9 e.
Laurent Testot
Ce bref essai complète utilement la lecture du précédent ouvrage. Son sujet est à la fois plus restreint (la France) et plus transversal. L’auteur navigue entre économie et politique, en partant du constat démographique du vieillissement, avant de dresser plusieurs constats alarmants : de plus en plus de retraités, de moins en moins d’actifs pour payer les cotisations ; un système éducatif rétif à toute réforme ; une classe politique qui s’affiche comme l’une des plus âgées d’Europe et ne peut donc pas prétendre représenter les jeunes, tout en n’hésitant pas à instrumentaliser leurs mouvements pour appuyer des visées conservatrices ; une dette publique qui a démesurément enflé…
Pour Bernard Spitz, le papy-krach est un véritable hold-up opéré par les générations du baby-boom, qui feront très prochainement porter sur leurs enfants le poids d’une dette colossale. Moins bien formés que leurs aînés par suite d’une dégradation du système éducatif, défavorisés économiquement et socialement, on va leur demander en sus de régler la facture du vieillissement, travaillant plus longtemps pour gagner moins ? Le tout parce que les pouvoirs publics français, davantage que ceux des autres pays de la zone Euro, n’auront pas voulu anticiper des évolutions démographiques pourtant prévisibles !
Les territoires face au vieillissement en France et en Europe. Géographie, politique, prospective
Gérard-Louis Dumont, Ellipses, 2006, 416 p., 29,50 e.
Laurent Testot
La population de l’Europe vieillit inéluctablement. Deux raisons à cela : la chute de la natalité et l’augmentation de l’espérance de vie. La prospective et la démographie sont-elles en mesure d’en anticiper les conséquences en termes d’aménagement des territoires, voire de proposer des solutions ? L’équipe rédactionnelle s’est donné les moyens de répondre à cette question, mobilisant 85 rédacteurs issus de 8 pays européens.
Le livre se divise en trois parties. La première est purement démographique. Elle s’attache à décrire le processus de vieillissement, et l’analyse aux échelles française et européenne. La deuxième partie, en collaboration avec la Diact (ex-Datar), porte sur la France au fil d’études régionales. Elle se conclut sur la nécessité d’inventer une politique du vieillissement. Celle-ci serait basée sur une meilleure organisation du tissu économique et social, qui ferait la part belle à la solidarité intergénénérationnelle et au développement d’actions au service des personnes âgées.
La troisième partie étudie successivement les cas allemand, belge, bulgare, espagnol, italien, luxembourgeois et polonais, avant de questionner le rôle régulateur qui incombera aux Nations unies. Car si l’Europe est aujourd’hui un laboratoire du vieillissement, elle ne fait en cela que précéder le reste de la planète. L’humanité vieillit dans son ensemble. Nous entrons dans des sociétés de longévité dont l’évolution doit être pensée, d’urgence, à de tout autres échelles que locales.
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